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Quelle hypnose pour arrêter de fumer?

Photo du rédacteur: Factory Design TeamFactory Design Team

Parmi les diverses méthodes de sevrage tabagique, l’hypnose séduit de plus en plus de fumeurs bien décidés à en finir avec la cigarette. Loin de l’hypnose-spectacle, cette approche vise à modifier le rapport du fumeur au tabac en prenant appui sur ses croyances ou ses rituels. Les explications du Dr Jean-Marc Benhaïem, président de l’AFEHM (Association française pour l'étude de l'hypnose médicale).



Comment se déroulent les séances d’hypnose ? Quelles sont les techniques anti-tabac utilisées par les hypnothérapeutes ? Et surtout, l’hypnose permet-elle vraiment d’arrêter de fumer ? Éléments de réponse.


Le principe de l’hypnose pour arrêter de fumer

L’arrêt du tabac par l’hypnose repose sur le mécanisme de la suggestion, explique le Dr Benhaïem. "L’hypnose consiste à modifier la perception que le fumeur a du tabac. A l’aider à se sortir de son emprise". Croyances, rituels, habitudes... l’hypnothérapeute s’appuie sur les raisons invoquées par le fumeur pour justifier sa dépendance au tabac.



arrêt du tabac par l'hypnose


Toute séance d’hypnose débute par un entretien individuel dont le but est d’évaluer les liens de dépendance du patient (gestes, drogue, obsession...), ses motivations, de découvrir son environnement familial et professionnel (favorable ou défavorable), de savoir s’il a déjà tenté d’arrêter et d’évaluer les risques d’effets secondaires ( prise de poids, dépression, anxiété...) afin de les prévenir au mieux. "Au début de la séance, on discute longuement avec le patient pour connaître les raisons qui le poussent à fumer et celles qui l’amènent à consulter, afin de prendre appui dessus et l’accompagner dans la poursuite de ce changement qu’il a déjà entamé mentalement" précise le spécialiste.


Deux niveaux d'intervention

L'hypnose pour arrêter de fumer peut se traiter en intervenant à 2 niveaux.

Niveau comportemental

Si une personne pense inconsciemment avoir besoin de la cigarette pour bien gérer le stress (la fameuse pause cigarette avant une réunion importante ou un examen...) son inconscient va tout faire pour garder cette habitude. L'hypnotiseur va aider le patient à trouver d'autres solutions pour que son inconscient envisage de nouvelles possibilités pour se détendre.

Aussi, beaucoup de fumeurs associent leur cigarette à certains moments de détente ou de plaisir dans la journée : la cigarette après le repas, avec le café, le soir en prenant un verre,... Et si on réussissait à associer cette émotion positive de plaisir et de relaxation au moment vécu lui-même, et non à la cigarette ?

Bref : si on associe la cigarette à la possibilité de faire des pauses, de déstresser, de trouver quelques instants pour soi-même ou de vivre de moments de plaisir, on va aider cette personne à créer de nouveaux comportements plus sains qui vont lui permettre de retrouver le même état de relaxation. C'est là aussi, que l'hypnose peut intervenir à travailler l'inconscient...

Niveau identitaire ou émotionnel

Certaines personnes ont construit leur identité autour de la cigarette. Dans ce cas, pour résoudre le problème, il faut un peu plus de temps et de travail : il va falloir reconstruire une identité en absence de la cigarette.

Par exemple, pour beaucoup de personnes fumer a été une façon de s'affirmer pendant l'adolescence, ce qui n'est plus utile pour une personne de 30-40 ans. Dans ce cas, la personne hypnotisée a juste besoin que l'hypnose l'aide à dépasser la routine.

Un autre exemple : si une personne fume pour compenser un manque ou une émotion, quand elle éprouve cette émotion, son réflexe est de fumer une cigarette. On va donc aider cette personne à mieux gérer ses émotions. Si elle arrive à faire cela, elle n'aura plus besoin de recourir à la cigarette et elle pourra arrêter de fumer plus facilement.

Informations pratiques

Le prix d'une séance d'hypnose est de 60 euros environ (75 euros à Paris), pour une durée d'une heure environ. Les séances d'hypnose pour arrêter de fumer, ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale.

Puis la personne est invitée à s’installer confortablement et à fermer les yeux ; l’hypnothérapeute élabore alors une stratégie d’hypnose qui repose sur une série d’exercices répondant aux croyances et au discours du patient. Chaque séance est donc singulière et personnalisée. Pour les personnes qui idéalisent encore trop le tabac, l’hypnothérapeute peut les inviter à le percevoir comme une sorte de gourou qui dirige leur vie, exige un lourd tribut financier, oppresse leur corps et leurs pensées, et auquel ils obéissent au doigt et à l’œil ! Il peut aussi les amener à se considérer eux-mêmes comme les victimes d’un bourreau auquel ils seraient attachés, comme les femmes battues à leur conjoint, illustre le Dr Benhaïem.

Concrètement, si le patient considère le tabac comme un plaisir, l’hypnothérapeute va essayer de briser cette idée en l’amenant à ressentir l’empoisonnement provoqué par le tabac au niveau de sa gorge ou de ses poumons ( mauvaise haleine, bouche pâteuse, manque de souffle...). S’il est obsédé par l’envie de fumer, il peut lui être proposé de tenir son paquet de cigarettes jusqu'à ce qu’il ça lui brûle la main et qu’il le lâche. Ces exercices sont censés déclencher des perceptions différentes et ressentir physiquement les changements décidés mentalement. "L’idée c’est que plus la personne rentre dans la perception de son corps, et plus elle va ressentir sa souffrance et plus elle va avoir le réflexe de rejeter le tabac. On réveille son instinct de conservation en quelque sorte", traduit Jean-Marc Benhaïem. Et ce dernier d’insister. "L’hypnose part du principe que la plupart des fumeurs sont ambivalents : ils ont beau savoir que le tabac est une plante mortelle, ils aiment la fumer mais ils savent aussi qu’ils doivent arrêter. L’hypnose fait grandir cette part qui rejette le tabac".

En fin de séance, le patient revient doucement à la réalité.

L’hypnose pour arrêter le tabac, une solution efficace ?

Selon une étude américaine*, l’hypnose serait plus efficace que les substituts nicotiniques : 44 % seraient encore abstinents 3 mois après la séance et 36 % le seraient 6 mois après (contre respectivement 28 % et 18 %). Mais toutes les études ne sont pas positives et l'efficacité même de cette technique reste l'objet de controverses. Ainsi, la synthèse Cochrane établie en 2010 conclut en l'absence de preuves d'efficacité de l'hypnose.

L’hypnose peut-elle fonctionner avec tout le monde ? "Toute personne qui consulte un hypnothérapeute pour arrêter de fumer est déjà en autohypnose car elle est déjà en train de modifier son rapport au tabac. La séance avec l’hypnothérapeute n’est que la poursuite de ce changement qui s’est opéré avant la consultation". On comprend alors aisément que la qualité de la relation médecin – patient est décisive. Le patient doit se sentir suffisamment en sécurité pour pouvoir livrer ses craintes au thérapeute. Selon le Dr Benhaïem, il est paradoxalement plus facile d’accompagner dans son sevrage quelqu'un qui fume trois paquets par jour que quelqu'un qui se contente de 3 cigarettes quotidiennes. "Ses niveaux d’écœurement et de motivation sont plus forts, l’envie d’arrêter est généralement bien plus importante".

Doit-on multiplier les séances ? "Une seule séance d’hypnose peut suffire", assure le Dr Benhaïem. D'autres estiment néanmoins que plusieurs séances sont indispensables pour désaccoutumer quelqu'un qui aurait des années de tabagisme derrière lui. Qu’elle soit unique ou non, la séance est généralement assortie d’une liste de conseils à appliquer pour éviter le manque et les rechutes : se méfier des associations avec le café ou l’alcool, faire du sport, changer quelque chose chez soi pour marquer symboliquement le début de sa nouvelle vie sans tabac... En cas de difficultés, le patient doit rapidement voir son hypnothérapeute afin que celui-ci lui propose des séances de soutien.


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